La réconciliation Fatah-Hamas : la grande illusion

wikipedia-haleviLe Fatah et le Hamas poursuivent leur dialogue pour transformer leur accord de réconciliation, signé le 23 avril dernier, en une série d’actions opérationnelles, consistant notamment à l’intégration du Hamas et du Jihad islamique dans les institutions de l’OLP, à la mise en place d’un gouvernement d’union nationale et à l’organisation de nouvelles élections législatives et présidentielles.

L’Autorité palestinienne a déjà cédé face au Hamas : elle n’exige plus qu’il accepte préalablement les principes du Quartette (renoncer aux actes de violence, reconnaître l’existence de l’Etat d’Israël, et les accords antérieures signés).

Mahmoud Abbas souligne que le Hamas n’est pas une organisation terroriste et que l’intégration en son sein du Jihad islamique garantira l’intégrité de l’union nationale. Pour Abbas, la réconciliation Fatah-Hamas jouera en faveur de la reconnaissance internationale de la Palestine et favorisera les intérêts du peuple palestinien dans son ensemble.

Cependant, le Hamas et le Jihad islamique pensent autrement. Ils considèrent leur intégration au sein de l’OLP comme une première étape décisive pour contrôler toutes les institutions palestiniennes et prendre la tête du mouvement national palestinien aux prochaines élections. Rappelons que lors des élections législatives de 2006 en Cisjordanie et dans la bande de Gaza, le Hamas l’avait remporté avec une majorité écrasante. Dans cet esprit, il s’agit pour lui d’une occasion historique à ne pas manquer afin de devenir enfin le représentant exclusif du peuple palestinien en Palestine et en diaspora.

La conduite de Mahmoud Abbas prouve qu’il a abandonné la médiation américaine pour adopter les positions du camp du refus, tout en cherchant à établir des liens plus étroits avec l’Iran, allié principal du Hamas et du Jihad islamique.

Cette politique va évidemment à l’encontre du processus de paix et mettra fin à la coordination sécuritaire avec Israël. L’un des principaux chefs du Hamas, Moussa Abou Marzouk, a affirmé que l’accord conclu avec l’Autorité palestinienne « annulerait toute coordination sur les questions de sécurité avec Israël et maintiendrait la lutte armée. »

Pour rétablir la confiance entre « les frères ennemis », certaines mesures ont déjà été prises, comme la distribution en Cisjordanie du journal Falestin, l’organe du Hamas, tandis que les journaux de l’Autorité palestinienne comme Al-Hayat al-Jadida , Al-Ayyam , ou  Al-Qouds seront désormaisdistribués dans la bande de Gaza.

De hauts responsables du Hamas indiquent clairement que leur organisation n’a pas l’intention de reconnaître Israël ni d’accepter les principes du Quartette. Le 4 mai dernier, Abou Marzouk avait déclaré lors d’une conférence de presse : « Nous ne reconnaîtrons jamais [Israël] et la reconnaissance de l’entité sioniste n’est pas à l’ordre du jour. » Il a ajouté que « les organisations palestiniennes avaient conclu un accord intermédiaire selon lequel l’Etat palestinien sera établi sur les frontières d’avant juin 1967 avec Jérusalem comme capitale mais sans toutefois reconnaître “l’entité sioniste”. »

Abou Marzouk a précisé que « le Hamas demeure fidèle au droit de retour des réfugiés [en Israël] et à la libération [de toute la Palestine]. »

Marzouk pense que « l’Occident a intérêt à reconnaître le gouvernement d’union nationale composé de technocrates du Fatah et du Hamas ».

En conclusion, l’Autorité palestinienne a lancé une campagne diplomatique contre Israël tout en intégrant des mouvements terroristes dans ses institutions. Son objectif principal est d’assurer, par des mesures unilatérales, la reconnaissance internationale d’une souveraineté palestinienne et une indépendance totale en Cisjordanie et dans la bande de Gaza. En fait, une étape intermédiaire pour le « retour » de millions de réfugiés palestiniens et de leurs descendants.

Dans ce contexte, Israël se trouve devant un grand dilemme. Comment accepter les conditions palestiniennes !? Comment refuser de capituler devant la pression internationale qui accepterait l’émergence d’un Etat palestinien hostile gouverné par les organisations terroristes islamiques alliées de l’Iran ? Enfin, quel sera l’avenir du royaume hachémite de Jordanie si Israël se trouve dans l’obligation de se retirer de la vallée du Jourdain ? Un scénario chaotique !

Jonathan D. Halevi