La position américaine sur la question de Jérusalem

Ces jours-ci, au moment où John Kerry tente de relancer le processus de paix avec les Palestiniens, des voix s’élèvent en Amérique et en Europe contre la construction légitime de logements à Jérusalem.

Depuis 1948, la politique américaine à l’égard de Jérusalem a connu plusieurs changements. Lors de la proclamation de l’Etat juif, les États-Unis ont approuvé la proposition d’internationalisation figurant dans la Résolution 181 de l’Assemblée générale des Nations unies. Suite au refus arabe du plan de partage, cette position initiale a été remplacée par l’acceptation des accords d’armistice de 1949.

Après la guerre des Six-Jours de 1967, la résolution 242 du Conseil de sécurité de l’ONU n’avait pas exigé de revenir aux frontières d’avant juin 1967. Cette résolution appelait à un retrait de territoires, mais pas de tous les territoires en dépit de l’insistance de l’Union soviétique et de la France. La résolution 242 ne mentionne d’ailleurs pas la ville de Jérusalem. L’ambassadeur américain près des Nations-Unies, Arthur Goldberg, avait écrit en 1980 dans le New York Times que l’administration Johnson avait intentionnellement écarté tout lien avec Jérusalem de la résolution 242.

En 1969, lors de l’installation du président Richard Nixon à la Maison Blanche, nous avons constaté un certain durcissement de la position américaine sur la question de Jérusalem. Pour la première fois, l’ambassadeur américain à l’ONU, Charles Yost, avait décrit Jérusalem-Est comme un « territoire occupé ».

Sous l’administration Nixon, les États-Unis n’ont jamais imposé leur veto au Conseil de Sécurité de l’ONU. Durant plus de trois années, ils ne sont pas non plus abstenus lors des débats qui condamnaient la politique israélienne sur la question de Jérusalem.

Cependant, du départ de Nixon jusqu’à ce jour, les États-Unis ont refusé de débattre de la question de Jérusalem au sein du Conseil de sécurité des Nations unies. Leur position est même devenue plus proche de celle d’Israël. Aucun gouvernement américain n’a officiellement reconnu l’annexion de Jérusalem, intervenue quelques semaines après la guerre en juillet 1967. Néanmoins, il existait entre les deux pays, un modus vivendi à l’égard de Jérusalem, notamment quand Israël a construit différents quartiers dans la partie orientale de la Ville Sainte.

Ainsi, le quartier Guilo situé au sud de Jérusalem, avec ses 40 000 habitants, a été fondé en 1971, au moment même où Nixon était au pouvoir. Bien que des divergences existent entre Israël et les États-Unis, elles n’ont pas conduit les deux pays à la crise. En 1973, le quartier de Neve Yaakov a également été reconstruit. Il avait été créé en 1924, puis envahi par la Légion arabe en 1948. Le quartier Ramat Eshkol a été fondé en 1969 au début de l’administration Nixon ; celui de Ramot en 1974, il compte aujourd’hui plus de 40 000 résidents.

En 1980, l’administration Carter avait d’abord soutenu un projet de résolution du Conseil de sécurité de l’ONU condamnant la construction de colonies israéliennes en Cisjordanie ainsi que la construction dans les quartiers juifs de Jérusalem-Est. Par la suite, l’administration avait précisé que l’ambassadeur des États-Unis ne pouvait inclure Jérusalem dans la Cisjordanie.

Les accords d’Oslo signés en 1993 n’ont pas interdit la construction de logements à Jérusalem-Est. Le quartier de Ramat Shlomo a ouvert ses chantiers en 1995, alors que le président Bill Clinton et le Premier ministre Yitzhak Rabin étaient au pouvoir. En 1997, sous l’administration Clinton, fut fondé le quartier de Har Homa, situé près de Guilo. A cette époque, le gouvernement israélien a informé l’administration Clinton qu’en raison d’une grave pénurie de logements dans le secteur juif – et même dans une certaine mesure dans les quartiers arabes de Jérusalem – il était nécessaire de construire de nouvelles maisons.

En 1997, le bloc arabo-musulman aux Nations unies a proposé au Conseil de sécurité un projet de résolution condamnant sévèrement Israël pour les constructions à Har Homa. Toutes les tentatives ont été vouées à l’échec car l’ambassadeur américain, Bill Richardson, a imposé son veto.

Aujourd’hui, soulignons qu’aucun nouveau quartier n’est construit à Jérusalem. Les nouvelles unités de logements figurent toutes au sein de quartiers juifs existants. En raison des problèmes démographiques et face à l’augmentation de la population ces constructions sont, bien entendu, légitimes.

Le CAPE de Jérusalem