La mauvaise politique européenne à l’égard de l’Iran

Le refus de l’administration Trump de certifier l’accord signé avec l’Iran sur le nucléaire (JCPOA), ses sévères condamnations concernant le financement du terrorisme et les intentions des Ayatollahs de déstabiliser tout le Moyen-Orient, agacent les Européens.

Pourtant, ce message clair des États-Unis prouve qu’ils ne peuvent plus tolérer la conduite méprisante de Téhéran sur l’application du Droit et des normes internationales.

Soulignons que les activités iraniennes comprennent de nombreuses violations des droits de l’Homme et un financement d’organisations terroristes comme le Hamas et le Hezbollah.

De nombreux pays européens tentent à exhorter le Congrès américain à user de son autorité pour maintenir le statu quo et l’Accord de Vienne.

Les entreprises européennes souhaitent, coûte que coûte, faire des affaires avec l’Iran et tentent d’éviter que les États-Unis imposent des sanctions en vertu du décret 13224 contre les Gardiens de la Révolution islamique (CGR) pour leur soutien flagrant aux organisations terroristes.

Dans ce contexte, les gouvernements et les institutions européennes devraient réviser sérieusement leur politique à l’égard de l’Iran. Une transparence totale et une information adéquate devraient être mises à la disposition du public. Elles sont des exigences essentielles pour la bonne conduite des affaires.

Malgré de multiples indications selon lesquelles l’Iran sape la lettre et l’esprit de l’Accord, de nombreux pays européens restent réticents à contester le régime iranien.

Au début du mois d’octobre 2017, lors d’un Forum Europe-Iran tenu à Zurich, j’ai vu et entendu des représentants européens et iraniens faire l’éloge de l’accroissement des opportunités commerciales et des investissements dans l’Etat du Golfe Persique. Le site officiel du Forum se présente comme « un lieu clé pour le dialogue commercial entre l’Iran et la communauté internationale » et il offre « de nouveaux défis, et des opportunités dans l’intérêt commun. »

Cependant, le Forum ne pas mentionne que les investissements des entreprises européennes et les dizaines de milliards de dollars libérés suite aux levées des sanctions ont contribué aux nombreuses violations des droits de l’Homme ou ont financé des organisations terroristes comme le Hamas et le Hezbollah. En outre, plusieurs des conférenciers venus au Forum avaient été eux-mêmes sanctionnés auparavant par les gouvernements américain et européen, et notamment les représentants de   l’industrie minière (IMIDRO) et la Banque du Moyen-Orient.

En fait, alors que le Forum Europe-Iran a réuni plus de 400 fonctionnaires et hommes d’affaires pour promouvoir les opportunités de marché en Iran, les conclusions sont allées dans la direction opposée. Les deux tiers des personnes interrogées ont souligné leurs préoccupations croissantes et leur pessimisme sur la voie à suivre. Les principales raisons restent les conséquences d’éventuelles sanctions américaines, et le non-respect des normes et standards internationaux par les banques iraniennes. C’est probablement la principale raison pour laquelle les grandes banques internationales n’ont pas assisté à ce Forum.

L’une des compagnies présentes à ce Forum est Air France, qui avait repris l’année dernière ses vols vers Téhéran. Airbus et Boeing ont également signé des accords sur la vente de 300 avions pour un montant de 40 milliards de dollars.

Cependant, ces fabuleuses transactions commerciales ne sont pas toujours destinées à transporter des civils. Selon une étude publiée par le ministère américain du Trésor, le régime iranien utilise des vols commerciaux pour transporter des troupes et des armes pour soutenir le régime de Bachar al-Assad en Syrie et aider militairement le Hezbollah.

La société allemande Siemens a récemment signé un accord de 1,6 milliard de dollars pour la construction de nouveaux trains et la modernisation de voies ferrées en Iran. Déjà en 2008, Siemens était associée à un monopole de télécommunication contrôlé par les Gardiens de la Révolution. C’est ainsi que le régime iranien pouvait par des capacités technologiques nouvelles surveiller et censurer les réseaux Internet. Rappelons que durant les troubles survenus lors des élections présidentielles de 2009, les Pasdarans avaient utilisé cette technologie pour contrecarrer les manifestations et bloquer les réseaux sociaux. Ils recueillaient des informations sur chaque utilisateur, menaçaient les blogueurs et arrêtaient les journalistes.

D’autres grands participants européens au Forum, comme la Royal Dutch Shell et l’Italien ENI, avaient présenté des projets concrets à la National Iranian Oil Company, un groupe industriel lié aux Gardiens de la Révolution qui violent les droits de l’Homme, et soutiennent les actes terroristes. Ces projets pétroliers et gaziers sont évalués à plus de 200 milliards de dollars en investissement. Ces sommes fabuleuses pourront aussi alimenter les finances des Pasdarans pour des objectifs néfastes.

La nouvelle politique de l’administration Trump à l’égard de l’Iran est bien entendu impopulaire pour une Europe qui ne cherche à faire que des affaires. Cette politique est nécessaire contre un pays voyou qui ne respecte pas les lois et les normes internationales. Elle devrait servir de contrôle efficace à toutes ces entreprises impliquées en Iran.

Les entreprises pourront donc être sur la sellette et faire l’objet d’enquêtes et de sanctions. Par exemple, les grandes banques italiennes ont été averties des liens avec des organisations suspectes iraniennes, et sur les risques juridiques et commerciaux.

Des considérations similaires s’appliquent à la loi sur le budget qui vient d’être présentée par le Premier ministre italien Paolo Gentiloni. La nouvelle loi comprend une clause spécifique (article 32) visant à promouvoir les exportations et les investissements italiens dans des pays classés de risque élevé par le Groupe d’action financière internationale (GAFI).

Le gouvernement italien a souligné que les nouvelles mesures visaient à renforcer la présence des entreprises italiennes sur le marché iranien. Les contribuables italiens et les investisseurs individuels ne pourront supporter le fardeau d’une politique malencontreuse qui encourage les entreprises à prendre des risques énormes dans un « Eldorado iranien » qui n’existe pas en réalité.

Soulignons qu’en décembre 2016, le Wall Street Journal, a rapporté que la plus forte autorité bancaire de New-York avait infligé une amende de 235 millions de dollars à la plus grande banque italienne, Intesa San Paolo SPA et à sa succursale de New-York pour violation de la loi interdisant le blanchiment d’argent et le secret bancaire. Selon le Département des services financiers de l’État de New-York, la banque a spécifiquement formé des employés pour dissimuler les activités financières impliquant l’Iran. Auparavant, une autre société italienne, Dettin SPA, active dans le secteur pétrochimique, a été inscrite par le Trésor américain parmi les entreprises qui ne respectaient pas le régime des sanctions.

En conclusion, il serait sage que les gouvernements et les institutions européennes entreprennent un examen approfondi dans leurs relations avec l’Iran. Une transparence totale et une information adéquate mise à la disposition du public sont essentielles pour la bonne conduite des affaires.

Giulio Terzi

Diplomate italien, ancien Ambassadeur en Israël (2002-2004), Giulio Terzi fut ministre des Affaires étrangères d’Italie, de 2011 à 2013.

 

 


Pour citer cet article :

Giulio Terzi, « La mauvaise politique européenne à l’égard de l’Iran », Le CAPE de Jérusalem, publié le 22 novembre 2017: https://jcpa-lecape.org/la-mauvaise-politique-europeenne-a-legard-de-iran/


N.B. : Sauf mention, toutes nos illustrations sont libres de droits.

 

 

 

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