La frustration américaine, le double jeu palestinien et l’hypocrisie de la gauche

freddy_eytanAprès les cérémonies, les feux d’artifice et la fête populaire, l’heure du bilan arrive à grand pas, avec ses différentes versions, ses plaidoyers, ses manipulations et ses accusations.

Neuf mois se sont écoulés depuis que John Kerry a entamé les pourparlers. La date butoir est déjà derrière nous et le processus de paix avec les Palestiniens reste toujours au point mort. A terme, rien ne bouge ! C’est l’immobilisme, l’impasse ! A qui la faute ? Qui est responsable ? Y-a-t’il encore une chance de remettre en route les pourparlers ? De revoir la locomotive de la paix démarrer et foncer tel un TGV ? D’arriver enfin à destination, à la station promise, à un compromis historique avec nos voisins arabes ? Malgré l’optimisme des Américains et de Shimon Pérès, « l’irréductible », nous pouvons hélas en douter.

L’émissaire américain Martin Indyk accuse globalement les deux parties mais pointe du doigt Netanyahou, la « mauvaise volonté » du gouvernement israélien et sa « politique de colonisation ». Stupéfiant de la part de celui qui fut longtemps ambassadeur des Etats-Unis en Israël, celui qui nage dans les dossiers les plus confidentiels et qui est un orfèvre dans les arcanes du pouvoir israélien. Révoltant de la part de l’homme de confiance que nous connaissons et qui a été dans le secret des pourparlers ! Etonnant aussi de la part du représentant de la plus importante puissance de la planète, de notre « allié stratégique et fidèle ami» ! Comment être toujours objectif, équilibré et intermédiaire dans le processus tout en portant préjudice sur l’une des parties ?!

Nous ne pouvons exiger des Palestiniens d’être « sincères et loyaux ». Chez eux, le « double jeu », la falsification des faits historiques et les mensonges systématiques sont monnaie courante. Mais quand un haut responsable de l’administration américaine, nommé à ce poste en raison surtout de ses origines juives, nous accuse en public de saboter avec préméditation le processus en cours, les lignes rouges sont vulgairement franchies. Est-il aussi naïf de croire que ses propos ne vont pas encourager les Palestiniens à durcir leur position ?

De même, quand un ancien de la CIA nous accuse d’espionnage et raconte des histoires insensées et imaginaires – et que le journaliste de Newsweek le croit, en pensant détenir le « scoop du siècle » – les limites déontologiques sont dépassées avec grossièreté ! Ces accusations infondées de la part de certains responsables américains ne prouvent que la frustration de leur propre échec ! Certains pensent qu’il existe chez eux un antisémitisme latent qui se réveille de temps en temps et qu’il est présent dans l’esprit des présidents américains depuis la Deuxième Guerre mondiale…  Tous savent parfaitement que depuis la triste affaire Pollard Israël n’utilise aucun système d’espionnage en Amérique. Et puis, quand nous savons ô combien de moyens et d’argent les Etats-Unis investissent en Europe et dans notre région en matière d’espionnage… ils devraient, eux, être les derniers à nous donner des leçons de morale.

Dans ce triste contexte, pour mettre un terme à la polémique et surtout favoriser l’intérêt stratégique commun, le président Obama devrait clarifier nos relations et même prononcer des excuses. Il devrait rappeler les liens étroits entre les deux pays, en se focalisant sur les informations très précieuses que nous fournissons quotidiennement aux Services de renseignement américains.

Enfin, nous déplorons l’attitude de certains intellectuels frustrés et complexés, éditorialistes et militants de la gauche israélienne pensant détenir le monopole de la vérité sur la solution du conflit et sur l’avenir de l’Etat juif. Ils ne manquent pas une occasion pour critiquer, dénigrer et dénoncer avec vulgarité la politique actuelle du gouvernement sans toutefois dénoncer, ne fût-ce qu’une seule fois, le double jeu palestinien. Cette attitude à la fois prétentieuse et dangereuse divise la société israélienne et joue en faveur du camp adverse ; elle profite à nos ennemis et à nos détracteurs.

Les derniers propos d’Amos Oz, qui compare sans hésiter les activités des extrémistes juifs, que nous condamnons tous sévèrement, à des « néonazis hébreux » sont déplacés et révoltants ! L’écrivain devenu célèbre pour ses positions partisanes a voulu choquer l’opinion israélienne mais cette comparaison est une grave erreur de sa part. Il devrait s’expliquer franchement et présenter des excuses. Oz est bien placé pour savoir que les mots blessent et peuvent même tuer. On ne joue pas non plus avec notre passé douloureux à des fins politiques ! Il est impératif de mettre un terme définitif à la banalisation de la Shoah et du nazisme, ancien comme nouveau !

Freddy Eytan