La diplomatie de charme de Rohani et la voix lucide d’Israël

freddy_eytanLe dernier discours du président Obama à l’ONU était comme de coutume remarquable dans la présentation magistrale des dossiers brûlants. La brillante allocution du président américain et ses moyens d’expression et de persuasion justifient dans une certaine mesure son prix Nobel de la paix mais, hélas, ils ne sont pas toujours compatibles avec la réalité sur le terrain. L’éloquence et les effets rhétoriques ne pourront jamais faire oublier les faits et les turbulences. Dans ce contexte, Obama demeure jusqu’à preuve du contraire un chef d’Etat débordant de confiance, mais aussi de crédulité et de naïveté.

Dans la crise syrienne, le président américain s’est conduit avec maladresse et étourderie. Il a renforcé la position russe et a stabilisé le régime sanguinaire de Bachar al-Assad. Dans le dossier iranien, il agit avec ingénuité et se retrouve en bonne compagnie avec des dirigeants occidentaux tels que François Hollande, premier chef d’Etat du monde libre à serrer chaleureusement la main du nouveau président iranien. Bizarrement, la France socialiste suit les pas du gaulliste Jacques Chirac… En 2005, ce dernier avait rencontré à l’Elysée Mohamed Khatami en dépit des sanctions imposées ; la suite est bien connue…

Dans le dossier palestinien, Obama a commis plusieurs bévues et pense aujourd’hui aboutir à un règlement rapide. Il se trompe profondément en liant notre conflit au dossier iranien. Il n’y a aucun rapport et cette comparaison risque au contraire de jouer en faveur des Ayatollahs et de nos détracteurs. Le problème palestinien ne pourra jamais être résolu dans ces conditions.

Hassan Rohani a choisi la diplomatie de charme afin de faire lever les sanctions qui paralysent son pays, mais aussi dans le but d’apaiser la grogne et la contestation d’un peuple plongé dans la misère et la détresse. L’Iran orfèvre en jeu d’échecs agit avec tactique, patience, ruse et manipulation, sans changer de stratégie. Ce pays est riche en pétrole et en gaz ; il n’a donc pas besoin de centrale nucléaire pour des raisons énergétiques pacifiques. Contrairement aux affirmations répétées de Rohani, l’Iran n’est sans doute pas un havre de stabilité et son régime théocratique avec les Gardiens de la révolution bafoue quotidiennement les droits de l’Homme, écrasant dans toutes les provinces les valeurs fondamentales du monde moderne. Depuis le début de l’année, plus d’une centaine de personnes ont été pendues selon la loi coranique chiite. L’Iran encourage et finance le terrorisme international et sabote systématiquement les efforts de paix dans la région en soutenant le Hezbollah, le Hamas et le régime de Bachar al-Assad. Il y a seulement quelques jours, un défilé militaire à Téhéran présentait des missiles pouvant atteindre l’Etat juif et la foule enthousiaste scandait : « À bas les sionistes ! Mort à Israël ! »

Les derniers propos de Rohani et sa condamnation, du bout des lèvres, de la Shoah effacent bien entendu la politique désastreuse menée ces dernières années par le grotesque et extravagant illuminé Mahmoud Ahmadinejad. Soulignons qu’il ne suffit pas seulement de reconnaître l’Holocauste des juifs mais de condamner et de juger tous les négationnistes de la planète, notamment les Ayatollahs. Soyons donc clairvoyants et ne nous berçons pas d’illusions quant à la « merveilleuse modération » de Rohani.

Le peuple israélien n’est pas un peuple guerrier ni l’ennemi du peuple iranien –nous avons eu dans le passé des liens fructueux et chaleureux avec Téhéran –, cependant, nous regardons l’évolution de la situation avec des yeux grands ouverts et avec lucidité.

Nous ne sommes pas contre la diplomatie classique, contre le dialogue ou la négociation avec les Ayatollahs, mais nous mettons en garde contre toute tentative de supercherie comme ce fut le cas avec la Corée du Nord. Avant d’entamer toute négociation, l’Iran devrait prouver ses bonnes intentions en cessant immédiatement l’enrichissement d’uranium et en transférant sans délai hors du pays l’uranium déjà enrichi. Les centrales nucléaires de Qom, Natanz et Arak devraient aussi être démantelées. Rohani devrait être jugé uniquement par ses actes et non par des déclarations modérées ou des discours de réconciliation à l’ONU. Les raccourcis dans la diplomatie sont dangereux et contreproductifs.

Nous constatons que les sanctions ont réussi à mettre l’Iran en quarantaine et nous devons donc poursuivre la politique de fermeté tout en donnant une chance au président Obama. Nous ne sommes pas seuls dans le combat contre le projet nucléaire de l’Iran. Netanyahou a réussi grâce à sa détermination et à son acharnement à maintenir ce dossier à l’ordre du jour de la communauté internationale durant plusieurs années, retardant ainsi la fabrication de la bombe atomique. Les pays arabes comme l’Arabie Saoudite et les émirats du Golfe sont plus inquiets que nous devant la menace iranienne et l’étendard chiite. Par crainte, et par hypocrisie, ils n’osent pas se prononcer publiquement mais dans les coulisses ils apprécient le courage de Netanyahou, devenu en quelque sorte leur porte parole, et ils critiquent avec mépris la naïveté de Barack Obama. En entamant le dialogue avec les Iraniens à Genève, les Occidentaux se trouvent en position de force ; or, seule une grande fermeté dans l’application de nos revendications nous permettra de mettre un terme au projet nucléaire et à l’arrogance iranienne, d’écarter les dangers et les menaces et enfin de tourner la page tumultueuse avec Téhéran.

Freddy Eytan

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