Jérusalem : les dangers du partage, une alternative pour la séparation des quartiers arabes

wikipedia-nsCeux qui soutiennent le partage de la capitale d’Israël et argumentent sur la nécessité d’améliorer la balance démographique de la ville entre Juifs et  Arabes affirment que cela s’accomplirait en «déplaçant »  les quartiers arabes et les résidents en dehors des limites municipales de la ville.
Toutefois, un  taux de natalité arabe élevé n’est pas la principale cause de la diminution de la majorité juive à Jérusalem. Au contraire, la raison principale est qu’un grand nombre de Juifs quittent la ville par manque  de logement et des difficultés d’obtenir un emploi. Chaque année quelques 16,000 Juifs quittent la ville ; le total au cours des vingt dernières années est de 300,000 !!!
Pour stopper le départ de Jérusalem, l’intervention du gouvernement est nécessaire dans les domaines de l’habitat et de  l’emploi. La ville doit être déclarée zone de priorité nationale.
En outre, la séparation à l’intérieur de la ville impliquerait de nombreux risques. La réalité actuelle à Jérusalem est une continuité urbaine des plus denses et sans solution, avec des zones mixtes de Juifs et Arabes. Jérusalem devrait être partagée physiquement en fonction de  ses quartiers arabes, la ligne de séparation serait-elle la frontière entre l’Etat d’Israël et l’Autorité palestinienne?, ou entre un futur Etat palestinien? Contrairement à la situation actuelle où la frontière est plus lointaine que la plupart des quartiers résidentiels juifs de la ville.
Les distances entre les nombreux quartiers juifs dans la ville et les quartiers arabes prévus  pour « une séparation » se situent dans le cadre de la portée des armes légères, soit  des dizaines à de centaines de mètres seulement.  Rappelons que lors du déclenchement de la Deuxième Intifada, les tirs ont débuté à partir  du village de Beit Jalla situé sous le contrôle de l’Autorité palestinienne et destinés contre les maisons des résidents juifs du quartier de Guilo, au Nord-est du centre ville. Les tirs ont commencé en septembre 2000 et ont continué par intermittence jusqu’en 2005.
Un rapport publié en 2003, par le département des Communications du Bureau du Premier ministre a conclu, entre autres, que les Arabes de Jérusalem Est continuent d’être un facteur non négligeable dans l’exécution d’attentats et de bombe suicidaire contre les Israéliens, et en particulier contre les résidents juifs de Jérusalem. Le rapport a également conclu que le Hamas était le principal organisme au sein du recrutement et des activités des arabes de Jérusalem Est.
Aujourd’hui, en perspective d’une éventuelle « séparation » des quartiers et villages arabes, les milieux de sécurité avertissent qu’un assouplissement des mesures ou la perte de contrôle dans ces zones pourraient provoquer  de nouvelles attaques terroristes. Le précédent retrait des forces israéliennes des villes et des villages de Cisjordanie a augmenté les risques d’attaques contre des cibles israéliennes.
Suite à un partage  et à un changement de statut et de rectifications de frontières municipales, des dizaines de milliers de Juifs pourraient quitter la ville. C’est ce qui s’est passé après le partage de 1948, quand un quart de la population juive de Jérusalem (quelques 25,000 personnes à l’époque) se sont déplacées de la ville.  De nombreux résidents menacés ont similairement pris le chemin du départ  suite au sommet de Camp David de l’an 2000 car le partage semblait probable.
« Les Juifs » et les « arabes » de Jérusalem bénéficient actuellement d’une infrastructure et d’un système unique et il est difficile et peut être impossible de les séparer. Des routes importantes, de grandes artères et des rues connectent tous les quartiers et les sections. L’eau, l’électricité, les égouts, et le téléphone sont communs et dépendent d’un seul organisme. Les systèmes de santé et les hôpitaux servent également les deux populations, comme les différents organismes bancaires et les réseaux commerciaux. Même la ligne ferroviaire de Jérusalem traverse  actuellement le quartier arabe de Chuaffat, l’un des objectifs d’un partage possible.
Juste après la guerre des Six jours, la construction massive du gouvernement israélien à l’Est de Jérusalem était de contrôler les zones stratégiques et empêcher toute possibilité ultérieure de partage de différentes sections de la ville.
Israël a construit pour « guérir » les fractures municipales, pour faire élargir Jérusalem et l’agrandir par des zones peuplées, afin de s’assurer que le partage à nouveau la ville ne serait plus possible.
Depuis plus de trois décennies, les Israéliens estiment que tout doit être fait pour unifier Jérusalem et éviter de diviser la ville à nouveau. Dans cet esprit, de nouveaux quartiers à Jérusalem Est qui abritent aujourd’hui quelques 190.000 Juifs, et comprennent des institutions officielles de l’Etat, sont construites sur le terrain annexé à la ville en 1967. Ils comprennent également la zone gouvernementale et le siège de la police à Sheikh Jarrah, le campus de l’Université hébraïque et l’hôpital Hadassah au Mont Scopus ainsi que des hôtels longeant l’artère principale. Les terres et les biens immobiliers ont été achetés par le gouvernement, par des personnes privées et par des ONG, tous, dans le but de « racheter » Jérusalem.
Dr. Robbie Sabel, ancien conseiller juridique  du ministère des Affaires étrangères, a examiné l’aspect juridique du partage éventuel de Jérusalem pour les quartiers arabes. Une étude qui a été publiée par l’Institut des Etudes israéliennes avant la conférence d’Annapolis. Il a estimé qu’il serait très difficile de forcer les résidents de Jérusalem Est à capituler et a renoncer au statut de résident qui a été accordé par Israël, ainsi que les droits inhérents. La problématique est difficile à résoudre.
En outre, selon Sabel, les résidents de l’Est de Jérusalem (arabes en majorité) auront la possibilité de passer à une autre partie de l’Etat d’Israël et ainsi retenir le statut de résidents israéliens. La construction du Mur de sécurité qui sépare le long des limites nord de Jérusalem, a déjà provoqué le passage de milliers de Palestiniens  à la partie israélienne du Mur. Ceci met évidement en doute  le gain démographique que les partisans de la séparation espèrent obtenir.
La même étude révèle le non réalisme du partage par le fait que le gouvernement israélien ne pourra être libéré de la charge des divers paiements à l’Est de Jérusalem, en raison des restrictions, à la fois morales et juridiques.
Les Arabes de Jérusalem Est ont sans doute,  un sens d’affinité nationale avec l’Autorité palestinienne et avec leur frères en Cisjordanie. Pourtant, beaucoup auront du mal à renoncer à leur liberté de mouvement et d’expression, aux possibilités d’emploi, et à la vaste gamme d’avantages  auxquels ils ont actuellement droit en vertu de leur statut de résident. Ils ont exprimé ces sentiments dans de nombreuses séries de pourparlers officieux. Le ministre chargé des  Affaires de Jérusalem, Rafi Eytan, a souligné  en février 2008  que la majorité des résidents de Jérusalem Est ne souhaitent pas quitter la tutelle du gouvernement israélien.
Enfin, le partage de Jérusalem mettrait en péril  les droits millénaires, des Juifs et des Chrétiens à  leur attachement fidèle et profond à l’histoire de la ville, à sa Sainteté et aux Lieux Saints.

Voir en Anglais le texte intégral de l’étude de Nadav Shragai