Discours Bar-Ilan II du Premier ministre Netanyahou

 

J’ai lu récemment un livre d’une centaine de pages écrit par un excellent historien américain décédé il y a près de 50 ans. Il s’appelait Will Durant et a écrit de nombreux livres. Il a écrit une histoire de la civilisation en onze volumes, mais à la fin de sa vie, il a écrit un livre d’une centaine de pages, intitulé Les Leçons de l’Histoire. Je vous conseille de le lire. Chaque ligne est gravée dans le marbre de la vérité, et je vais vous en donner les mauvaises nouvelles et les bonnes. Les mauvaises nouvelles, c’est que lorsque vous avez terminé ce livre : vous comprenez qu’en Histoire, les grands nombres font la loi. Ils comptent. Mais voici les bonnes nouvelles. À la page 17, si je ne me trompe pas, il explique qu’il peut y avoir des exceptions à cette règle et que, grâce à « l’unification d’une force culturelle » comme il l’appelle, les probabilités peuvent être vaincues. Il donne l’Etat d’Israël comme l’exemple d’une telle exception. Je pense que nous avons prouvé durant les 65 ans de l’existence d’Israël que nous sommes exceptionnels, mais nous devons continuer à l’être en préservant nos fondements spirituels. […]

Je vous remercie de votre invitation à prendre la parole ici, à l’occasion du 20e anniversaire du Centre Begin-Sadate. Bien des choses nous sont arrivées au cours de ces dernières années. Sur le front politique, nous avons signé un accord de paix avec la Jordanie. Durant tout ce temps, 20 ans exactement, nous avons conduit des négociations avec les Palestiniens en essayant de parvenir à un développements accord de paix, et malgré les hauts et les bas de ces deux décennies, nous sommes parvenus à maintenir les accords de paix avec l’Égypte. Ce n’est pas négligeable.

Cependant, les événements les plus importants au Moyen-Orient pendant toute cette période sont sans doute ceux de ces dernières années, et ils éclipsent tout le reste si on l’envisage dans une perspective plus large.

Deux de ces événements renvoient aux troubles historiques qui ont éclaté dans le monde arabe […] auxquels il faut évidemment ajouter les efforts incessants de l’Iran pour développer des armes nucléaires. L’objectif de l’Iran est de prendre le contrôle de l’ensemble du Moyen-Orient et au-delà, et de détruire l’Etat d’Israël. Ce n’est pas de la spéculation ; c’est son but. Israël et les Etats-Unis s’accordent sur le fait qu’il faut empêcher l’Iran de se doter d’armes nucléaires.

Il y a quelques jours, le président iranien a déclaré à l’ONU que l’Iran ne s’intéressait qu’à l’énergie nucléaire civile. C’est ce qu’il a déclaré. Je ne le crois pas, mais quiconque désire vérifier son affirmation devrait poser une simple question au régime iranien : si vous voulez seulement de l’énergie nucléaire à des fins pacifiques, pourquoi insistez-vous pour avoir des centrifugeuses afin d’enrichir l’uranium et des réacteurs au plutonium ? Ni les unes ni les autres ne sont nécessaires à la production pacifique de l’énergie nucléaire. Ils ne sont d’aucune utilité en Iran ; en revanche ce sont des composants essentiels pour produire des matières fissiles afin de fabriquer des armes nucléaires. […]

La communauté internationale devrait prendre la position suivante envers l’Iran : nous sommes prêts à un règlement diplomatique, mais seulement à un règlement qui inclurait le démantèlement par l’Iran de sa capacité de production d’armes nucléaires. En d’autres termes : pas de centrifugeuses ni d’uranium enrichi, ni de réacteurs au plutonium. Tant que l’Iran ne démantèlera pas ses centrifugeuses et ses réacteurs au plutonium, les sanctions ne doivent pas être allégées. Au contraire, elles devraient être renforcées. La vérité est simple. Elle est claire, elle tranche comme un rasoir dans l’écran de fumée que les Iraniens cherchent à créer. Si leurs intentions sont pacifiques, ils accepteront le règlement. Si elles ne le sont pas, ils ne seront pas d’accord. […]

Parallèlement […], nous souhaitons mettre un terme au conflit avec les Palestiniens. Parvenir à une paix véritable et sûre, pas uniquement sur le papier mais sur le terrain, pour nous, nos enfants, nos petits-enfants : c’est le plus grand souhait de tous les citoyens d’Israël. Pour mettre fin au conflit, il faut en comprendre les racines. […] Quand on demande aux gens quelle est la racine du conflit israélo-palestinien […] ils ont généralement une réponse toute faite : l’occupation, les territoires, les colonies, etc. C’est toujours la même chose. […]

Et je pose la question : est-ce vraiment le cas ? À mon avis, si l’on doit décider quand a réellement commencé le conflit, j’opterais pour 1921, quand les Arabes palestiniens ont attaqué l’hôtellerie pour émigrants à Jaffa. Beaucoup de Juifs ont été tués dans cette attaque, dont le célèbre écrivain Y. H. Brenner. L’attaque visait directement l’immigration juive. Mon grand-père était arrivé à Jaffa l’année précédente et, comme de nombreux autres, il avait séjourné dans cette hôtellerie. Il est évident que cette attaque n’avait pas pour cause un territoire ou des colonies ; elle visait l’immigration juive en Terre d’Israël. Ensuite, il y a eu davantage d’attaques. En 1929, l’ancienne communauté juive d’Hébron a été sauvagement massacrée. Elle avait vécu à cet endroit, presque sans interruption depuis près de 4 000 ans. Puis il y a eu des attaques en 1936, en 1939, dénommés « troubles ». Ces attaques contre la communauté juive en Israël se sont répétées de manière méthodique. Plus tard, il a y eu le plan de partage de 1947, qui proposait la création d’un Etat arabe – ils n’ont pas dit Etat palestinien, mais bien Etat arabe – et un Etat juif. Les Juifs ont accepté, les Arabes ont refusé. De fait, à l’époque, comme aujourd’hui, le problème n’était pas celui d’un État palestinien, mais était et reste plutôt, malheureusement, l’Etat juif. Même avant 1967, pendant 19 ans, ils nous tenaient étranglés ; il y avait un étau autour de nous dans le seul but de nous déraciner, d’anéantir nos existences. Tout cela pourquoi ? Il n’y avait alors aucun territoire. Il n’y avait pas d’occupation, sauf si Tel-Aviv est occupé et si Jaffa est occupé. Il n’y a eu aucune implantation durant 46 ans, de 1921 à 1967, soit près d’un demi-siècle. […]

Plus tard, les événements ont évolué. Nous nous sommes retirés de la bande de Gaza, jusqu’au dernier centimètre. Nous avons déraciné des communautés, mais les attaques contre nous ont continué – environ 10 000 missiles ont été tirés à partir de la bande de Gaza, à partir des territoires dont nous nous étions retirés. Et lorsque nous demandons à ceux qui tirent ces missiles et à ceux qui les soutiennent pourquoi tirez-vous sur les Juifs, ils répondent : pour libérer la Palestine. Qu’est-ce que la Palestine ? La Judée et la Samarie ? Non. Bien sûr, ils en font partie, mais ils disent Beersheba et Ashkelon, Majdal, Saint-Jean-d’Acre et Jaffa.

Ceux qui disent cela font partie du Hamas ou du Djihad islamique, mais les éléments plus modérés en Judée-Samarie, l’Autorité palestinienne, eux, il est vrai, ne s’engagent pas dans la terreur. C’est là une distinction majeure. Ils ne s’engagent pas dans la terreur, mais lorsqu’ils sont invités à indiquer s’ils nous reconnaissent – pas en Judée ni en Samarie, ni en Cisjordanie, mais êtes-vous enfin prêts à reconnaître l’État juif ? – ils répondent : nous sommes prêts à reconnaître le peuple israélien, nous sommes prêts à reconnaître Israël. Ce n’est pas la question que je pose. Êtes-vous prêts à reconnaître l’Etat juif, l’Etat-nation du peuple juif ? Jusqu’à présent la réponse a été non. Pourquoi ? […]

Pourquoi n’êtes-vous pas prêts à reconnaître l’Etat juif ? Nous sommes disposés à reconnaître votre Etat-nation à grand prix – cela inclut des territoires, nos terres ancestrales, ce qui n’est pas négligeable. Et je dis ceci aussi : c’est une chose très difficile mais vous devez, vous aussi, faire une série de concessions. La première consiste à renoncer à votre rêve du droit au retour. Nous ne nous contenterons pas de la reconnaissance en tant que peuple israélien ou comme Etat binational, qui serait par la suite inondé de réfugiés. C’est l’Etat-nation du peuple juif. S’ils le veulent, les Juifs immigreront dans ce pays. S’ils le veulent, les Arabes palestiniens, pourront s’y rendre. Reconnaissez l’Etat juif. Aussi longtemps que vous refuserez de le faire, il n’y aura pas la paix. Reconnaissez notre droit à vivre ici, dans notre propre Etat souverain, notre État-nation, alors seulement la paix sera-t-elle possible. […]

Je crois à la force du peuple d’Israël, et je crois à la force de l’Etat d’Israël. Ce que nous avons accompli ces 65 dernières années est en effet extraordinaire. Aujourd’hui, nous célébrons les 40 ans de la guerre du Kippour. Pendant les 40 années qui ont suivi, la population d’Israël a augmenté deux fois et demie. Le PNB a été multiplié par 25. […] Nous pouvons noter des réalisations dans tous les domaines : l’intégration des immigrants, l’immigration, la technologie, le boom économique, le développement du Néguev et de la Galilée, la cyber-city que nous bâtissons à Beersheba, la cité des biotechnologies qui sera construite à Safed, et qui s’élève sous nos yeux. Ce sont là des choses immenses.

Nous n’avons pas attendu nos voisins pour développer notre pays. Nous continuerons à agir ainsi. Il y a un lien entre les deux faits : tant que nous continuons à développer notre puissance, tant que nous renforcerons notre pays, tant que nous construirons notre économie, tant que nous affermirons notre société, tant que nous seront forts, il y aura une chance pour que ce changement se produise également chez nos voisins. Nous ne pouvons pas céder sur ce point, c’est essentiel pour la sauvegarde de notre avenir et pour garantir notre sécurité.

Discours de Benjamin Netanyahou, le 6 octobre 2013 au Begin-Sadate Center de l’Université Bar-Ilan

Vous pouvez consulter ici l’intégralité du discours en anglais.